Lettre aux parlementaires.
En soustrayant au référendum l’accord de libre-échange avec la Chine, le parlement suisse adopte directement les pratiques non démocratiques du parlement chinois.
On a toutes les raisons de s’interroger sur la volonté de notre parlement de se passer de l’avis du peuple.
Dans son message aux Chambres le Conseil Fédéral se pose la question si l’accord doit être soumis au référendum facultatif. En conclusion il estime que s’il contient des dispositions fixant des règles de droit, il les considère de peu d’importance et propose de ne pas soumettre l’objet au peuple. Hors on peut aisément arriver à la conclusion inverse, car aucun accord de libre-échange ne peut être considéré comme anodin. La suppression ou l’abaissement des droits de douane ont des conséquences à la fois sur la fiscalité, sur l’environnement, sur les ressources naturelles et sur la concurrence. Sur le plan fiscal, la production locale, qu’elle soit agricole ou industrielle, apporte une plus value en terme d’emploi et de fiscalité.
Sur leur site, les douanes nous rappellent que les droits de douane servent aux financements des infrastructures (routes, trains, etc..). La diminution des droits de douane nécessite d’augmenter la TVA et toutes sortes de taxe que nous devons payer de notre poche. Grâce à ces accords de défiscalisation des échanges, des fortunes colossales se constituent sur le dos des peuples.
Cet abaissement fiscal crée un potentiel de profit énorme pour l’importation au détriment des produits locaux. L’importation des produits à bas coût provoque de la concurrence déloyale. La production locale doit se conformer aux normes sociales et environnementales du pays et on la met en concurrence directe avec des produits venant d’un désert social et environnemental. Si çà ce n’est pas de la concurrence déloyale, alors c’est quoi. On reconnaît qu’un ouvrier détaché travaillant chez nous au tarif de son pays est une concurrence déloyale direct pour les travailleurs suisses. Alors quelle différence entre un employé venant travailler chez nous avec un salaire espagnol et une tomate produite en Espagne par des esclaves marocains et qui se trouve sur les étals de nos magasins ? Je vous l’accorde, la différence est de taille, l’esclave marocain comme les enfants tibétains ne sont pas devant nous. C’est un commerce propre, on ne voit rien = pas de problème de conscience.
Le libre-échange encourage une économie nomade qui se déplace en fonction des coûts. On se réjouit que ces accords multiplient les échanges commerciaux, donc les transports alors que la planète suffoque sous les gaz à effet de serre. Ces accords nous donnent accès à des produits dont les prix n’ont aucun lien avec nos coûts, ce qui nous encourage à consommer encore plus alors que les ressources naturelles se raréfient.
Messieurs les parlementaires qui ne voyez rien de ce qui est entrain d’arriver à la planète et à la société en général, ayez au moins l’élégance de nous donner la possibilité de choisir notre avenir.
Ne devenez pas comme les parlementaires chinois et rendez-nous notre droit de nous prononcer sur les grandes décisions que vous prenez.
Willy Cretegny
La Vrille