Trump : guerre commerciale et non pas protectionnisme

Donald Trump a remis les taxes douanières au centre de la scène mondiale. En multipliant les hausses de tarifs — parfois jusqu’à 50 % — contre ses partenaires commerciaux, il prétend défendre les emplois américains et rétablir l’« équité » face à des pays jugés « injustes » dans leurs échanges. Mais derrière ce discours populiste, se cache une réalité : le libre-échange est en crise profonde, et la politique de Trump ne fait que révéler ses contradictions.

Dernière démonstration en date : l’accord conclu cet été entre les États-Unis et l’Union européenne. Présenté comme un compromis, il impose en réalité des tarifs de 15 % sur la majorité des exportations européennes, tandis que l’UE a dû concéder une ouverture accrue à certains produits américains. Du côté Suisse, notre conseil fédéral est prêt à brader nos normes sanitaires en acceptant les poulets au chlore. Autrement dit, loin d’un “partenariat équitable”, cet accord illustre comment une grande puissance peut remodeler les règles du commerce mondial selon ses intérêts.

Trump aime présenter ses hausses de tarifs comme des mesures de “réciprocité” : si un pays taxe les exportations américaines, alors Washington taxera ses produits en retour. Mais cette logique est surtout un outil de coercition politique : l’Inde, par exemple, a vu ses exportations frappées de tarifs à 50 % en raison de ses achats de pétrole à la Russie. Derrière le langage de l’équité, il s’agit en réalité de forcer des pays à s’aligner sur les choix stratégiques des États-Unis. Ce que pratique Trump n’est donc pas du protectionnisme mais bien une guerre commerciale.

La Suisse, grande adepte des accords de libre-échange bilatéraux, est particulièrement vulnérable. Trump a décidé de cibler nos exportations : horlogerie, machines-outils, etc. Résultats : un pan majeur de notre économie en pâtit. D’ailleurs de nombreuses entreprises et PME ont déjà recours au chômage technique. Plus grave encore : pour maintenir l’accès au marché américain, nos décideurs pourraient être tentés de baisser nos normes sociales, environnementales ou sanitaires. Une dépendance qui révèle combien la Suisse a bradé sa souveraineté économique sur l’autel du libre-échange.

Comme le rappelle l’actualité judiciaire récente (Le Club des Juristes), certains droits de douane imposés par Trump ont été jugés illégaux par une cour d’appel fédérale. Ce bras de fer devant la Cour suprême met en évidence les fragilités structurelles d’un système qui repose sur des accords commerciaux instables, constamment menacés par les décisions arbitraires des plus puissants.

À La Vrille, nous refusons ce jeu de dupes. Ni le libre-échange dérégulé, ni la guerre commerciale de Trump ne constituent des solutions.

Pour nous, le vrai protectionnisme est de respecter la souveraineté et les choix de chaque population :

  • Défendre nos agricultures et nos artisans locaux,
  • Protéger les forêts et les écosystèmes menacés par la logique exportatrice,
  • Réaffirmer notre souveraineté alimentaire et énergétique,
  • Mettre en place des normes contraignantes qui protègent la planète, pas les profits des multinationales.

Trump a peut-être dynamité les règles du commerce mondial, mais le vrai problème est plus profond : le libre-échange n’a jamais tenu ses promesses. Il est temps de construire un autre modèle, le protectionnisme, fondé sur l’équité, l’écologie, la solidarité et le respect de la souveraineté.

La Vrille